Qu'est-ce que l'effet toboggan lors de l'accouchement ?

L’effet toboggan est un concept que j’ai conçu au début des années 2000 pour expliquer les conséquences du non consentement, comme cette (mauvaise) blague d’être jeté à l’eau par surprise. Cela dépasse l’effet en chaîne d’un acte médical qui engendre un problème, lequel sera résolu par un autre acte médical qui engendrera encore un autre problème et ainsi de suite. Il illustre surtout le fait de se retrouver dans un corps dans lequel la régulation biologique (homéostasie) n’est plus aux commandes. Je vais préciser en détail.

Par exemple, au début on ne sent pas le piège. On arrive à l’hôpital en confiance, en supposant que « eux savent faire ». Et on croit, à tort (mais pourquoi douter de ce que l’on nous dit ?), que la perfusion est obligatoire. Sauf qu’il n’y a pas toujours que de l’eau glucosée dedans…

🛝 Et être injecté de syntocinon (hormone de synthèse, ou prostaglandines) ou tout autre geste à un autre moment de l’accouchement que l’on croit sans conséquences, est comme recevoir un coup de poussée dans le dos alors qu’on est en haut du toboggan, alors que le corps n’est pas encore prêt, alors que l’on ne voulait pas aller si vite.

Bref, la descente est forcée, elle ne donne plus du tout le même plaisir que si on s’élance avec confiance et joie vers les bonnes sensations physiques d’une glissade en conscience. L’expérience est gâchée par cet effet de (mauvaise) surprise. Sans compter que quand on est dans le tube du toboggan, on ne peut en sortir, on est obligé d’aller au bout. Et attention, des pièges, des coups de poussée dans le dos, il en existe tout au long du processus.

Quels sont les déclencheurs de l'effet toboggan ?

À lui seul, le syntocinon, mis pour amorcer, ou accélérer et doper un travail qui stagne (possiblement à cause de la péridurale) est un déclencheur de l’effet toboggan. Un autre protocole est la rupture artificielle de la poche des eaux qui a aussi des conséquences iatrogènes (procidence du cordon, temps compté pour accoucher, détresse foetale, etc.).

Le toucher vaginal à répétition, seul protocole objectif pour évaluer l’avancée de l’accouchement (versus une observation d’autres signes lorsqu’une sage-femme est présente en continu pour accompagner une naissance) peut favoriser une infection (surtout quand la poche des eaux a été artificiellement rompue), ce qui entrainera l’administration d’antibiotiques. Et seul protocole objectif pour mesurer les contractions : le monitoring, qui, mis en continu, contraint la femme à rester statique, donc majore les douleurs.

C’est tout cet ensemble qui fera demander la péridurale à cause de la douleur. Mais à être sur le dos des heures les conséquences sont : la fermeture du bassin donc perte de mobilité, détresse foetale car veine cave compressée, problème d’engagement du bébé ou pire, dystocie des épaules. On en arrive à la poussée dirigée, voire l’épisiotomie (avec des risques de déchirures graves), la ventouse ou les forceps, voire la césarienne qui fera dire in fine « heureusement que j’étais à l’hôpital sinon moi et/ou mon bébé serions morts ». 

Enfin, lors de la délivrance, du syntocinon sera encore donné pour éviter l’hémorragie (forcément, car avec tout ce qui a été perturbé, il faut des béquilles !) Puis le cordon ombilical sera rapidement coupé pour prendre en charge le bébé en urgence, le réanimer, le tester, le médicamenter aussi. Tout cela va perturber le premier regard et la première tétée.

L'effet toboggan en image

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Donc vous l’aurez compris, les déclencheurs de l’effet toboggan sont légion tout au long du processus de l’accouchement. Et avoir un enfantement « le plus naturel possible » ou sans péridurale est une gageure. Il faut connaître les embûches et savoir les éviter, si on ne veut pas être embarqué dans l’engrenage de l’hypermédicalisation.

🚀 Pour aller plus loin, vous pouvez lire mon livre La naissance autrement (éditions Jouvence) qui explique en détails les protocoles médicaux, leurs effets, les aménagements possibles.

Ecrit par

Sophie Lavois

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À PROPOS

Comment se préparer à une naissance respectée, avec Sophie Lavois, spécialiste des choix et droits en périnatalité depuis 1999.

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